Des poètes, des « trouveurs de mots » (de l’occitan trobar = trouver) venant de toutes les classes de la société : voilà ce qu’étaient les troubadours ! On trouve aussi bien des seigneurs (Guillaume de Poitiers) que des chevaliers, des clercs (Gui d’Ussel) ou des personnages issus de classes moins privilégiées. Ils sont aussi bien homme que femme (Marie de Ventadour).
Maîtrisant la langue, jouant avec les mots, les troubadours sont des poètes et des compositeurs. Ils écrivent sur l’amour, la politique, l’histoire et débattent sur des thèmes religieux ou moraux.
Cet art du « trobar » s’épanouit de la fin du XIe au début du XIIIe siècle, d’abord dans le tout le sud-ouest puis il s’étend au nord du royaume et à d’autres pays européens. Il s’éteint avec la croisade contre les Albigeois.
Bernard de Ventadour, le troubadour le plus célèbre du monde
Pendant un peu plus d’un siècle, le château de Ventadour est un lieu de création artistique et littéraire majeur. Depuis le vicomte Ebles II dit « lo cantador » (1107-1147) jusqu’à la trobaritz Marie de Ventadour (U1219), de nombreux troubadours créent et fréquentent le château.
Bien qu’il soit aujourd’hui l’un des troubadours les plus étudiés dans le monde (il nous a laissé une quarantaine de textes et une vingtaine de musiques), la vie de Bernard est surtout connue par le biais d’une vita (biographie) rédigée au XIIIe siècle, soit près d’un siècle après lui. Celle-ci nous raconte qu’il serait né au château et qu’il serait le fils de serviteurs. Repéré par le vicomte Ebles II, lui-même troubadour, Bernard serait instruit dans l’art du trobar mais chassé des lieux par le vicomte Ebles III pour avoir séduit sa femme. Il trouve alors un mécène auprès de la duchesse Aliénor d’Aquitaine qu’il a pu suivre en Angleterre après son remariage avec le futur roi d’Angleterre, Henri Plantagenêt (futur Henri II et père de Richard Cœur de Lion). Il rejoint par la suite la cour du comte Raimond de Toulouse et aurait fini sa vie au monastère de Dalon (Dordogne).